Au début, ça n'existe pas. Tu es active, tu cours après le temps, tout le temps. Parfois, secrètement, la nuit quand tu te réveilles, t'aimerais que ça s'arrête un peu. Mais pas trop, hein, trop de changement ça fait peur, et puis on s'est suffisamment cassé le cul pendant nos études pour en profiter maintenant.
Et puis un jour, les évènements font que tu prends la décision de l'être, mais attention, hein, pas pour tout le temps. Une pause, en somme. Pas facheuse, d'ailleurs. Enfin, tu en profites, tu te dis presque que c'est bien mérité. T'es bien, le meilleur des mondes, quand je veux j'arrête.
Quand je veux.
Quand je peux, plutôt.
Quand, d'ailleurs?
Alors là, tu décides qu'il faut absolument repasser de l'autre coté, ça presse, ça urge, même. Mais toi qui croyais avoir le luxe de pouvoir, quand tu voudras, et ben tu peux pas.
Mais tu crois toujours que tu l'es pas vraiment, de ce coté de la barrière. D'ailleurs, t'es un peu la seule à ne pas le voir, à refuser de le voir. D'abord, ce sont les autres, les inconnus. Mais ceux-là, tu t'en fous, le regard d'inconnus ne fait (presque) pas mal. Ensuite, tes amis, qui te le font sentir à mots couverts, qui en discutent entre eux "t'as vu Anne, récemment? quel gachis, ça craint. Je suis trop contente que ça m'arrive pas, à moi". Là, déjà, c'est plus dur, parce que tes amis ont un jugement qui à tes yeux, a de la valeur. Sinon, ce ne seraient pas tes amis, d'ailleurs. Du coup tu rumines, tu gamberges, la pression monte, t'as du mal à la contrôler. Ca fait mal, de voir dans leurs yeux ce que tu redoutes et que tu ignores depuis des mois. Ensuite, même tes enfants le voient. Mais eux, ils trouvent ça super cool, ils redoutent le passage de l'autre coté. Toi, tu vois toujours pas vraiment, tu mènes une lutte intérieure effrénée. Puis ton mari, finalement, le voit. Te le fait sentir, en toute simplicité, jamais méchamment car pour lui il n'y a pas mort d'homme, la vie est sans doute plus facile pour tout le monde comme ça. Tout le monde sauf toi, car toi, dans ta tête, dans le regard tronqué que tu portes sur toi, tu n'es pas comme ça.
Jusqu'au jour.
Jusqu'au jour ou, au détour d'une phrase légère, d'une conversation banale, ça te frappe de plein fouet.
Tu es mère au foyer.
Anne,
je rejoins ta maman, tu as un talent d'écriture, fonces! et puis en attendant profites de la vie, de tes enfants qui sont trop beaux et en bonne santé. Il ne faut pas céder à la pression sociale, si toi tu es heureuse comme ça!
Grosses bises, et fais nous signe quand tu viens à Lyon.
Rédigé par : Audrey | 08 février 2013 à 09:27
Une mère au foyer, c’est mille fois mieux qu’une mère « dans le foyer », complètement brûlée… Je commence à me dire que moi, j’en rêve et que j’y arriverai peut-être un jour. Ce jour-là, j’aurai enfin le temps de venir vers toi…
Je m’ennuie…
Nxx
Rédigé par : Nancy Labonté | 24 janvier 2013 à 16:09
Ah...je vois que je ne suis pas la seule à te pousser sur la voie de l'écriture ! Ecoute ta maman et tes amies ! Nous attendons ton livre et OUI, ta vie, ton blog, et ton futur livre nous intéresse ! C'est toujours plein d'humour et d'émotion.
Ecris au moins pour toi et tes enfants et puis ensuite on se chargera d'envoyer tout cela à un éditeur pour toi :) !
allez ma belle...ouvre une feuille Word !
bises
Rédigé par : Marion & Damien | 21 janvier 2013 à 16:50
Tout ça pour ça! mais quand même!trois beaux enfants en bonne santé. Je mesure ton désarroi, j'ai subi la même chose en dépit des diplômes. Un conseil: organise ta vie et tu trouveras le bonheur en attendant le jour où tu décrocheras un job. Alors: tu vas peut-être enfin m'écouter: écris! je te le dis depuis des années. Tu as une plume extraordinaire, de l'humour,le sens des mots... J'ai des idées pour toi! Tu verras: tes copines, ton mari , tout le monde, quand tu seras éditée: oh, ah!...verts de jalousie... Car personne ne fait de blog comme toi et n'écris comme toi. Je lis les réponses à tes propos..
Gros bisous. Maman
Rédigé par : brigitte rossignol | 20 janvier 2013 à 20:59