Cher lecteur, si tu lis ces lignes, sois prévenu : ce billet traite d’un sujet certes, sérieux, mais à gros potentiel anxiogène et surtout, surtout, de pipi-caca. Donc âmes sensibles, nullipares et autres gros veinards, s’abstenir.
C’est bon, on est entre gros malades reproducteurs ? (enlève-moi ta tache de morve sur l’épaule, tu seras mignon).
Un des trucs que je trouve complètement terrorisant avec les nains, c’est le passage à la propreté.
Malheureusement, apparemment, c’est obligatoire. On a bien essayé de feinter avec Paul (le pauvre, ça a fini en consultation urologique à l’hosto pour cause de parents qui avaient laissé passer le coche), de ruser avec Margaux (mais si Madame l’institutrice, elle est propre à la crèche depuis bien 2-3 mois, je ne comprends pas tous ces accidents, ça doit être le stress de l’école ou l’arrivée du petit frère), pour Charles il est temps de s’y coller, pas le choix.
Je veux dire, la tactique éculée d’attendre l’été, au pire il se fait dessus à l’école, ça sèche (OK ça pue mais en 1ère maternelle, ça pue de toutes façons) ne marchera pas. Il entre à l’école en mars, et je rappelle qu’on habite en Belgique et qu’on chauffe 10 mois sur 12 (en juillet il pleut de l’eau chaude, et en août on se les caille en Bretagne du Nord). Donc, je disais, pas possible de le laisser en slobard dehors en attendant qu’il ait le déclic de « hooo, mais je suis mouillé là ! oooh, mais je me fais dessus là ! ». Pas possible.
Donc, il faut agir, se comporter en parents res-pon-sa-bles.
Je précise que les assistantes maternelles de la crèche m’ont conseillé d’aller aux toilettes avec Charles pour qu’il n’ait pas peur, et qu’il se rende compte que c’est naturel. Mais bien sûûûûr, comme si j’allais aux toilettes seule, depuis 2006, entre 8h et 20h. Connasses d’assistantes maternelles sans enfant.
Je vous raconte mon we ?
Samedi, 8h30 : « Bonjour mon chéri, aujourd’hui c’est le grand jour, on enlève la couche !!!Yeahhh !! (sourire débile et ahuri de la mère qui veut convaincre son rejeton) ». «Non » (ton agressif du rejeton qui sent l’embrouille). « Rien à foutre, on met un slip et pas de couche, si t’es pas d’accord je te mets une culotte rose. »
8h31 : fuite dans le slip, le pantalon, les chaussettes, et les pantoufles.
8h32 : « tu veux aller sur le pot mon chéri ? » (toujours le même petit ton ridicule de la mère) « NON ».
9h12, après le petit déjeuner : « chouchou, si tu vas sur le pot, je te donne (roulement de tambour, attention immédiate de toute la marmaille présente dans la pièce) un SMARTY, et tu peux même choisir la couleur » Immédiatement, enthousiasme général de la fratrie : « nous aussi on n’a plus de couche, on veut des smarties, c’est dégueulasse, pourquoi Charles il en aurait et pas non ? C’est vrai quoi, allez maman, allez, steuplait, allez ». Inflexibilité totale, on ne dévoie pas des cadeaux aussi importants et symboliques que ceux de l’apprentissage de la propreté.
9h27 : PIPI dans le pot ! Applaudissements, cris hystériques en rafale, danse de la joie dans la cuisine (effectivement, cher lecteur, tu as bien lu, il a passé 14 minutes assis sur le pot dans la cuisine pendant que j’épluchais les carottes, à se lever toutes les 14 secondes pour voir si – oh miracle- un truc serait tombé dans le pot tout seul).
Bref, je vous la fais courte. Après avoir passé 3 heures sans couches (et lavé 3 pantalons), on a remis les couches samedi en lui expliquant que ce serait bien qu’il réclame les toilettes plutôt que de faire dans sa couche comme un gros lâche. Idem, le dimanche, après avoir passé la journée avec une couche, il a fait pipi dans le pot avant le bain. Si ça, c’est pas une preuve que ça y est, il a eu le déclic, alors je vois pas ce que c’est.
On a donc considéré que notre mission de parents s’arrêtait là. Heureusement, le lundi matin, y a crèche.
Lundi, 8h30 : « Bonjour Madame, grande nouvelle, Charles est propre !! Et oui, c’est tout frais du week end ! Des accidents ? Oui, mais très peu, hein (en même temps, avec les couches). S’il demande tout seul? Oui, ce matin il a demandé des bonbons au chocolat, ce qui veut dire le pot chez nous! Il est malin en plus ! Ha ha ! Allez, bonne journée » (glisser subrepticement un sac de vêtements de rechange à la gonzesse sans qu’elle le voit).
Bref, Charles est propre.